Entretien du 4 mars 2025 avec Garvalf

Garvalf a été interrogé dans le cadre d'un mémoire de Master en histoire de l'art et archéologie, orientation musicologie, rédigé par Maëlle Destexhe à l'Université de Liège en Belgique (Faculté de Philosophie et Lettres) : « Le son de l'ancienne crypte » : Histoire et analyse du dungeon synth (1991-2025).

Questions générales (Edit)

Maëlle Destexhe : Je citerai le nom de ton projet de dungeon synth, Garvalf, dans le texte de mon mémoire mais, si je parle de toi, l’artiste derrière le projet, comment souhaites-tu être présenté (Garvalf, pseudonyme d’artiste, nom et prénom, …) ?

Garvalf : Étant un pseudonyme utilisé depuis près de 20 ans et caractérisant mes travaux actuels, Garvalf à défaut d’être nécessaire sera bien suffisant.

M. D. : Peux-tu te présenter (région, âge, emploi, études, hobbies, goûts musicaux, autres projets musicaux, …) ?

G. : J’habite dans l’Est de la France, près de Troyes, une ville riche par son histoire médiévale. Après quelques années à Paris ainsi qu’en Norvège du temps de mes études, je suis retourné m’établir dans ma région natale, en Champagne. J’aurai un demi-siècle l’année prochaine (2026), et tout ce temps a été ponctué de lectures, écritures, compositions et créations diverses.

J’essaye de regrouper la plupart de mes projets musicaux sous l’étiquette Garvalf, mais si cela devait déborder de mon style habituel, je choisirais éventuellement un nouveau nom. Je joue également de la basse dans un petit groupe de reprises local, dans l’optique de travailler l’instrument et les improvisations.

M. D. : Comment définis-tu le dungeon synth en quelques mots ? En quoi est-il différent du dark ambient ?

G. : Le Dungeon Synth (DS) est le pendant instrumental et au clavier du Black Metal (BM). À l’origine issu des introductions de disques ou de titres individuels du Black Metal, il a évolué dans un style à part entière, jusqu’à remplir des albums complets.

Contrairement aux groupes de metal, de par sa nature le DS est quasi exclusivement une œuvre solitaire, c’est pourquoi je parlerai souvent de « projets » au lieux de « groupes » lorsqu’il s’agit de DS.

J’ai l’impression que l’imaginaire francophone vis à vis de ce terme est un peu altéré par le fait que Dungeon signifiant « cachot » en anglais tandis que le faux-ami Donjon qui s’impose se situe à l’opposé, non plus sous le niveau du sol mais dans les hauteurs.

Il ne faut bien entendu pas se focaliser sur cette dénomination qui est au pire réductrice voire castratrice, au mieux un pis-aller pour définir quelque chose d’indéfinissable.

C’est un peu comme le jeu de rôle Dungeons & Dragons qui se déroule très souvent hors des cachots...

Le Dark Ambient, s’il s’en rapproche un peu dans la forme, présente une différence dans le fait qu’il n’est pas forcément corrélé à l’univers et à l’ambiance du Black Metal.

Et même si c’est moins vrai de nos jours, on trouvait également une recherche d’expérimentation sonore et parfois de malsain, d’occulte et de morbide plus présent dans le « dark ambient », ce qui peut sembler un peu contradictoire vu la filiation avec le Black Metal. Néanmoins, et cela de façon pas toujours très originale, beaucoup de projets que l’on qualifierait maintenant de DS tirent leurs inspirations de l’œuvre de Tolkien qui présente des traits moins lugubre que le satanisme par exemple, car chez Tolkien c’est la lumière qui gagne au final.

Pour terminer, si je devais faire une analogie un peu hasardeuse je dirais que le Dark Ambient se rapprocherait plus de la musique industrielle, en tirant son inspiration de la technologie et d’une époque contemporaine ou futuriste, ce qui est confirmé par une recherche rapide dans les compilations de Dark Ambient sur une plateforme actuelle d’écoute(1) : les sonorités sont généralement plus modernes, métalliques et avant-gardiste que ce l’on retrouve généralement dans le DS. Lorsqu’on écoute cela en particulier, on a le sentiment de se dire « ce n’est pas du DS, c’est un autre genre musical ». Bien entendu, le Dark Ambient est probablement encore plus vaste que le DS, mais il se dégage un peu l’impression qu’il y a moins de mélodies, plus de répétitions sur peu de notes, plus de drones et de dissonances.

Je voulais également souligner que comme pour le Black Metal, le DS est avant tout une musique de l’émotion, et non pas de la technicité. Beaucoup de musiciens s’expriment avec parfois peu de virtuosité ni même de bagage musical, et sont capables par mimétisme ou tâtonnement de produire des œuvres notables et originales, mémorables.

Enfin, le dernier point qui rejoint le précédent, c’est que le DS, comme le BM, fonctionne par « riffs », blocs musicaux qui n’entrent pas forcément dans une tonalité précise ou qui suivent les règles de l’harmonie. C’est valable pour le rock en général, mais encore plus vrai pour nos musiques extrêmes.

Si on a bien une idée générale de comment le DS peut sonner, il n’y a pas de code pour définir la structure même d’une œuvre DS, comme par exemple pour d’autres formes musicales comme le tango, la salsa, l’hanter-dro breton ou le charleston. Ces derniers sont souvent des danses d’ailleurs, calibrées à 3-4 minutes environ, avec une signature rythmique précise et des codes.

Une plus grande liberté caractérise le BM et le DS, on peut avoir des morceaux de 2 minutes et par ailleurs d’autres de 30 minutes, des ambiances médiévales avec des instruments variés, avec plus loin des nappes de clavier denses ou le dénuement d’un simple luth ou d’une harpe.

On peut imaginer cette musique comme étant jouée dans un monde alternatif où d’autres critères esthétiques seraient la norme : l’humain moyen du 21ème siècle, habitué à l’Auto-Tune des musiques de supermarché et des compil de « dance » martelées par les émissions de divertissement à la télévision, qui trouve déjà la musique classique comme ennuyeuse, anormale voire extra-terrestre, ne trouvera pas plus son compte dans le Dungeon Synth.

Quoi qu’il en soit, et en conclusion de ce que l’on vient de dire, c’est avant tout l’univers mental de châteaux ou de lieux isolés, reculés, l’imaginaire et le folklore qui prédominent, et ce qui caractérise surtout le DS c’est qu’avec peu de moyens, on peut néanmoins obtenir beaucoup de choses intéressantes, même sans instrument coûteux ou de théorie musicale. Peut-être que ce qu’il faut surtout c’est de l’inspiration et de l’imagination.

M. D. : Peux-tu décrire ta découverte du dungeon synth (quand, qui, premières impressions, …) ?

G. : J’écoute du Black Metal depuis le début des années 1990, et c’est tout naturellement que j’ai suivi certains musiciens comme Mortiis, Wongraven ou Burzum qui faisaient la part belle aux claviers, voire même où l’album entier était dénué de guitares. À côté des plus connus on trouvait également des projets plus confidentiels, notamment sur les listes de distribution de labels indépendants, parfois en CD, mais plus souvent en K7. À la fin des années 90 j’avais acheté une K7 de Forn Draugost qui m’a fortement marqué par ses mélodies, à la fois simples et riches d’un univers médiévalisant, et surtout hors du temps(2).

D’autres projets qui m’avaient inspiré provenaient de Pologne, en particulier Wojnar et Perunwit. Là l’ambiance était plus tournée vers la nature, des clairières en forêt plutôt que des châteaux ténébreux, mais leurs musiques portaient les prémices du DS, en particulier par la présence d’un univers sous-jacent, mondes parallèles imaginés ou tirant leur source dans le paganisme européen.

Après un petit hiatus musical où j’ai délaissé à la fois la composition et l’écoute des nouveautés, je suis tombé par hasard sur un album de Murgrind en 2014, et c’est là que j’ai découvert que ce style musical s’appelait dorénavant Dungeon Synth.

Cette musique m’inspire et me plaît parce qu’elle représente un refuge contre tout ce qui nous est extérieur et hostile.

M. D. : Quelle est ta relation avec le milieu du dungeon synth (beaucoup de contacts/isolé, lien avec le public, activité en ligne, concerts, …) ?

G. : Je n’ai pas vraiment de contacts dans ce « milieu », là aussi comme pour le BM je me situe plutôt à la marge d’un genre déjà marginal, et je n’aime pas spécialement socialiser…

Je retrouve de temps en temps Stéphane de Maelifell/Arden, et en 2019 on avait rencontré Shelob à la croisée de l’Alsace et de la Lorraine.

Quant au public, je n’en ai presque pas, j’échange parfois avec d’autres musiciens ou auditeurs (je n’ose pas parler de « fans »), mais cela s’arrête là.

M. D. : Quelle est ta relation avec la scène black metal, et quel est l'impact de celle-ci sur Garvalf ?

G. : Avant de composer aux claviers, mon instrument de prédilection était la guitare, et j’ai bien entendu écouté du heavy, thrash, death puis black metal durant les années 90-2000. Puisque l’on parle de « scène », j’ai assisté à quelques concerts, mais je ne me sens pas vraiment dans mon élément dans ce genre de contexte un peu superficiel et bruyant.

Bien sûr, les premiers albums d’Ulver, Behemoth, Immortal, Burzum (encore), Satyricon, Dark Throne, Abigor, Sacrilegium, Windir m’ont fortement influencé. Les sorties actuelles en BM m’attirent moins, et à part quelques groupes comme Mgła ou Taake je n’écoute plus grand-chose de nouveau.

J’ai en attente quelques riffs de Black Metal que je souhaite mettre en album, mais j’ai l’impression que l’énergie nécessaire pour sa concrétisation est plus complexe à trouver que pour le DS.

M. D. : Les artistes et les fans ne s’accordent pas sur une seule histoire du dungeon synth, quelle est ta vision des choses sur les origines et l’histoire du genre (lieu d’émergence, artistes/albums fondateurs, …) ?

G. : Je pense que l’on peut s’accorder au moins pour affirmer que la genèse du DS provient du Black Metal. À partir de là, cela exclut les influences hors de ce milieu, à savoir les musiques plus modernes et urbaines comme l’industriel, d’EBM, la techno etc. Je sais que certains musiciens cherchent à mélanger les genres, et même dans les débuts de ce « dark dungeon music », certains projets ont subi d’autres influences liés à leur ouverture sur d’autres genres. Pourquoi pas.

Il faut se souvenir également qu’à la même époque que le DS, et également un peu en marge de la scène « indus » se trouvait toute une mouvance de musiques néoclassiques, cold wave, gothique, ou au contraire médiévales où avec ou sans voix on trouvait des musiques classées là aussi « dark ambient » à défaut de mieux, mais qui sonnaient un peu comme le DS a pu être ou devenir, avec beaucoup de synthétiseurs. Je pense notamment à Semper Eadem, The Soil Bleeds Black, Arcana… Il y avait également les groupes signés chez Prikosnovenie (« heavenly voices ») ou World Serpent (mais c’était plus « Industriel »).

Enfin, bien plus tôt on a également eu des musiques de films comme la splendide BO de Conan le Barbare (par Basil Poledouris) en 1982, qui présente un côté « épique » avec des sons orchestraux(3), des timbales, des mélodies mémorables. Un peu plus tard, les musiques de jeux vidéos, souvent ancrées dans l’ heroic fantasy et l’imaginaire, reprenaient ce genre de mélodies accrocheuses, mais avec un son dégradé, simplifié.

Tout ceci a contribué à forger le son du DS dans ses premières inspirations, même indirectement.

Comme pour le black metal, la scène a avant tout émergé en premier en Scandinavie, en Norvège en particulier, pour ensuite se déplacer vers les pays slaves, notamment en Pologne, en tout cas les groupes les plus marquants viennent de là, même si bien entendu cela a essaimé partout dans le monde par la suite.

M. D. : Quels sont, selon toi, les artistes et/ou les albums de dungeon synth importants pour chaque décennie (1990, 2000, 2010, 2020) ?

G. :

  • 1990 : Jim Kirkwood, Mortiis (Født Til å Herske), Wongraven (Fjelltronen), Burzum, Maelifell, Arden, Forn Draugost, Wojnar, Perunwit, kraina bez wiatru, Piorun (Goreją Wici Wojenne)
  • 2000 : je n’ai pas de référence à donner sur cette période, et je crois qu’il n’y a pas eu grand-chose finalement entre 2000 et 2010… Après réflexion, j’ai vu que l’album « Hardangervidda » d’Ildjarn / Nidhogg datait de 2002, mais cet album est aussi à la frontière du DS, avec une ambiance plus éthérée.
  • 2010 : Murgrind ( Journey Through The Mountain), Flaer ( Granite), Hole Dweller...
  • 2020 : Sur ces dernières années j’ai apprécié beaucoup de projets que je ne peux pas forcément tous nommer ici, mais il y a notamment Saturnales, Baddoar et Werna Wolf, j’aime également l’originalité et le parti-pris d’Illusionment, le projet d’Andrew Werdna, ainsi que Traurent. Pour moi depuis 2020 c’est dans la continuité des années 2010…

Le nouvel album d’Arthuros vient de sortir aujourd’hui, j’en profite pour le citer, en général ce projet ne me déçoit pas.

M. D. : Certains divisent l’histoire du dungeon synth en plusieurs époques/ères/vagues, qu’en penses-tu ?

G. : On peut effectivement remarquer qu’il y a deux principales périodes, la première étant le « proto » DS, de 1990 à 2000 environ, avant sa dénomination actuelle, un peu comme le Moyen Âge a été reconnu et appelé ainsi au moment où il s’est terminé, rétrospectivement.

On peut voir cette époque comme l’âge d’or du genre, car les musiciens avaient un autre état d’esprit par rapport à maintenant, tout semblait plus spontané. C’était « de la musique d’intro de Black Metal, mais sur un album entier », avec certes des variations d’inspirations (occultisme, folklore), mais avec le recul on peut trouver une sorte d’insouciance dans les compositions.

La seconde période, après un hiatus d’une dizaine d’année (que je mets en parallèle avec ma propre pause musicale), se pose à la fois comme la reconnaissance du genre, et sa propre conscience d’être une unité bornée et nommée, aussi cela va influencer le style en bien comme en mal. En bien, car il a pris du recul et se définit comme un genre avec ses propres codes, et en mal car parfois on peut avoir l’impression que le DS actuel va caricaturer l’ancienne période ou se mettre la pression pour sonner « authentique », « old school », en référence aux années 1990. Je le fais également d’une certaine façon, je m’en rend compte, mais c’est inhérent au style, pour retrouver ses marques.

Au niveau des vagues j’ai l’impression qu’on trouve une certaine séparation entre un DS un peu épique et rentre dedans d’une part, façon champs de batailles ou Conan le Barbare, à la Murgrind (Mortiis a lancé cela dans une certaine mesure), et de l’autre un DS un peu plus intimiste comme ce que l’on retrouve avec Fief ou Hole Dweller (et Burzum etc), un DS de la solitude et de l’exploration d’un univers caché et mystérieux.

On trouve également une tendance à vouloir créer des sous-genre au DS, avec des termes comme « Winter Synth », « Forest Synth », « Comfy Synth » et autre « Goblin Synth », et je peux comprendre ce besoin car l’humain aime catégoriser. Néanmoins j’ai toujours trouvé que le DS était intrinsèquement « comfy » (confortable), à la fois dans ses sonorités et dans ses implications (je trouve par ailleurs le BM également confortable pour des raisons similaires), et sans revenir lourdement sur ce qui a été évoqué plus haut, une sorte de bulle protectrice contre les vicissitudes du monde extérieur, aussi ce genre de subdivision me semble assez inutile et subjective, puisque le DS c’est tout cela à la fois : les châteaux, les forêts, l’hiver, l’automne, unis dans une sorte de panthéisme réconciliateur.

M. D. : Penses-tu que le dungeon synth a une dimension politique ?

G. : La politique signifiant l’organisation d’un État ou d’une société au travers du pouvoir, et le DS ayant une force non seulement insignifiante, mais également sans unité idéologique (et même tenaillé par de forts antagonismes), il peut paraître vain de croire que le DS va avoir sa place là-dedans, à part être un des pantins troubles manipulé par les forces politiques.

La seule dimension « politique » que je peux voir, c’est celle d’influencer une faible mais nécessaire partie du monde au travers de la beauté de l’art.

Le projet Garvalf (Edit)

M. D. : Comment définis-tu Garvalf ? Ton projet correspond-t-il à la définition du dungeon synth ou apportes-tu une tournure originale au genre ?

G. : J’ai toujours composé ce genre de musique, sous un autre nom auparavant, donc je pense que je suis ancré dans la mouvance de la première vague. Néanmoins lorsque j’ai plus tard démarré le projet « Garvalf », dans les années 2003-2004, j’ai pris le parti de travailler avant tout avec des ordinateurs et chipsets sonores 8-bit, et j’avais déjà écrit comme manifeste : « Notre but n'est donc pas de faire mieux, mais de faire autrement : utiliser des formes du passé, ou qui se veulent telles, et les réinterpréter avec un outil "du futur" qui est déjà en lui-même dépassé et désuet. ». J’ai notamment réinterprété certains de mes morceaux composés dans l’esprit DS (avant l’heure) sur le Commodore 64 (La plus haute tour(4) et (5) Bransle de Champaigne(6)).

Comme l’ont déjà fait remarquer d’autres interprètes DS, ils tirent une partie de leur inspiration initiale des jeux vidéos de l’époque, par exemple Ultima IV ou Wizardry sur C64 (4), ou encore Ys sur Megadrive sont tout à fait dans l’esprit du DS.

Je travaillais donc sur des soundtrackers pour C64 ou Sega Megadrive lorsque en parallèle je suis reparti sur de la composition plus classique, au format MIDI avec des claviers, mais j’ai gardé l’esprit de ce que m’avaient apporté les chiptunes, et progressivement j’en suis venu à essayer de composer pour un « système » borné, à savoir un synthétiseur ou une puce sonore unique, avec l’idée que l’essentiel de la musique et de son rendu peut finalement tenir dans quelques kilo octets de données et quelques cm² de silicium. Ainsi l’album La tour utilise la norme General Midi (avec une soundfont unique) et l’album suivant, Rassemblement, tient dans un fichier MIDI adapté à la norme XG développée par Yamaha. C’est un parti-pris esthétique dans le but d’avoir une consistance sonore homogène. Je n’ai jamais été fan des samples, même si j’ai pu en utiliser abondamment, par curiosité, dans des projets parallèles.

M. D. : Peux-tu me parler de la création de Garvalf (date, motivations, objectifs, …) ?

G. : Dans la seconde moitié des années 90, j’ai sorti sous un autre nom, Anamnèse, une démo de BM avec environ 1/3 de compositions aux claviers exclusivement(8).

Puis en 1999 un album sans guitares(9). Il n’y a pas les nappes de synthés caractéristiques du DS, mais j’ai été forcément influencé par les projets mentionnés plus haut, en particulier Summoning et Wongraven. Avec le recul le son me paraît trop synthétique, même selon les critères du DS, et surtout trop « propre » car cela a été composé avec une carte son avec la technologie de l’époque, mais cela porte déjà les prémices de mon style futur.

Influencé par la musique folk, la musique renaissante ou des groupes de proto-DS comme Wojnar, mais également par la musique chiptune, j’ai commencé le projet Garvalf vers 2004, en composant sur soundtracker, jusqu’à développer un style propre que j’ai retranscrit par la suite sur claviers et synthés plus classiques. Un peu plus tard, en 2014, j’ai découvert la musique 1-bit avec l’album Dat Fuzz de Irrlicht Project, et finalement le premier véritable album de Garvalf sorti en 2015 a été un mélange de chiptunes très rêches (sur 1-bit au lieu de 8-bit) et avec les rythmiques rapides du metal, tout en ayant un côté nostalgique propre au DS. Deux ans plus tard j’ai rassemblé des compositions travaillées notamment sur le logiciel LMMS (un séquenceur gratuit) avec le VST Dexed (simulation de la synthèse FM du Yamaha DX7) ainsi que d’autres sons hétéroclites pour arriver fin 2017 à l’album The hollow Earth qui a été le premier avec une direction précise sur ce que je voulais obtenir.

La motivation première c’était de m’exprimer par la musique, sur un support que je maîtrise, et de pouvoir retrouver une sorte d’espace préservé, un peu comme un point d’ancrage. C’est peut-être aussi pour cela que je reprends parfois certains titres d’un album sur l’autre, pour donner une sorte de continuité, par exemple le morceau d’introduction de One Myth(10), initialement composé en 1-bit avec le logiciel Beepola, s’est retrouvé transposé sur la harpe FM du Yamaha DX7 du deuxième titre de The hollow Earth(11), ou encore le titre « The shortest day » de ce même album(12) a été repris en version Megadrive(13). C’est parfois assez trivial puisqu’il suffit de manipuler des fichiers midi en import puis export, mais souvent il faut tout refaire dans un tracker musical, mais c’est une autre manière de se réapproprier la musique.

Enfin, la création de sons, de musiques, c’est une façon d’agir sur le monde, et même si la portée est très limitée, c’est une manière métaphysique d’apposer son empreinte sur la réalité.

M. D. : Peux-tu me parler des thématiques qui traversent le projet Garvalf (concept, titres des morceaux/albums, nom de projet/pseudonyme, visuels, …) ? S’il y en a, peux-tu parler du/des message(s) que tu souhaites faire passer, de l’/des histoire(s) que tu souhaites raconter avec Garvalf ? Si tu incarnes un personnage dans le cadre de ton projet, peux-tu le décrire ?

G. : J’ai eu l’idée de développer à partir de The hollow Earth une histoire en rapport avec la musique, pour proposer une cheminement au travers d’un monde parallèle, de façon un peu plus modeste que Tolkien a pu le faire avec sa Terre du Milieu, mais qui est plus marquante et cohérente à mes yeux puisque c’est ma propre création, avec un carte, une langue construite, une histoire…

Comme disait Boris Vian, « l'histoire est entièrement vraie puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre »(14)

À cet endroit du questionnaire, Garvalf insère la carte du monde qu’il a créé. (Note de Maëlle Destexhe.)(15)

Cela raconte l’épopée de Zéphyr, qui peut être vu comme mon double dans cet autre monde, et elle est décrite sur mon site https://garvalf.ortie.org sur la page de chaque album qui dévoile une nouvelle aventure. J’aimerais développer cet aspect de manière plus poussée, par exemple en rédigeant des nouvelles ou des fictions interactives autour de cet univers, mais cela n’existe que sous forme d’ébauches pour le moment.

Le but est simplement de décrire une histoire, il n’y a pas forcément de message outre le fait qu’il faut suivre sa destinée pour se réaliser.

M. D. : Quelle importance la dimension visuelle revêt-elle, selon toi, dans le dungeon synth en général ainsi que pour Garvalf en particulier ? Peux-tu me parler des visuels (pochettes, livrets, // merchandising //, …) de Garvalf (thématiques, qui les réalise, …) ?

G. : Au delà de l’apparence, il y a également tout le processus artistique qui entre en jeu pour faire partie de l’œuvre.

Je trouve important que le DS garde un aspect artisanal, et en général je fais tout moi-même, il serait déraisonnable pour un tel marché de niche de faire appel à une chaîne artistico-commerciale classique, avec agent artistique, community manager, équipe marketing, même si certains n’en sont pas loin !

Le DS peut se contenter de peu de moyens, et une pochette avec une œuvre classique datant de quelques siècles, ou un dessin amateur est tout à fait adaptée. À l’exception de l’album La Tour, où j’ai fait appel à une illustratrice et à un studio pour le mastering, je préfère avoir le contrôle sur l’ensemble de ce que je produis.

C’est aussi pour cela que je n’apprécie pas l’idée d’utiliser une IA pour composer le visuel de la pochette (et pourquoi pas aussi la musique par la même occasion ?), car en dehors du fait que les « IA » procèdent à du pillage d’œuvres existantes non-libres de droit, c’est un moyen consumériste d’envisager la création.

J’envisage pour la suite d’alterner le travail solo et les aides extérieures à des illustrateurs.

M. D. : Que penses-tu de la scène dungeon synth actuelle (critiques, points positifs, évolution, …) ?

G. : La scène est ce qu’elle est, parfois on a l’impression qu’il y a plus d’artistes que d’auditeurs. Il y a de ce fait un delta très important entre ce style musical et les autres au niveau du ratio entre le contenu produit et les auditeurs potentiels. Là où les fans de rock se contenteront de suivre leur groupe fétiche et quelques autres « grands » groupes, on assiste à une « surproduction » de contenu en DS si bien qu’il est difficile de suivre.

Même à l’époque, on avait quelques grands noms (Mortiis, encore une fois, Summoning, Wongraven), qui sortaient peu de choses, ou de façon mesurée, et quelques projets qui gravitaient de loin dans la sphère BM, mais ça s’arrêtait là. Si on suit maintenant les nouveautés DS sur Facebook ou le groupe Proboards(16), c’est une voire plusieurs sorties par jour, c’est plus compliqué pour s’impliquer dans la « scène », ou alors il ne faut faire que cela et ne plus créer soi-même.

En tout cas, cette scène permet de se rapprocher de personnes ayant une sensibilité similaire, et c’est une bonne chose par cet aspect.

Composition et production musicale (Edit)

M. D. : Quelle est ta formation musicale (instruments, solfège, lecture de notes, autodidacte, …) ?

G. : J’ai débuté la musique par le piano, c’était assez laborieux, mais j’en garde paradoxalement un assez bon souvenir.

Je suis allé ensuite au conservatoire, rien de prestigieux, c’était dans une petite ville de province, mais n’ai pas dépassé les premières années de solfège et sans faire d’instrument à côté, c’était assez frustrant. Malgré tout, là aussi j’ai une certaine nostalgie de ces années formatrices, qui m’ont donné quelques bases pour ensuite pouvoir voler de mes propres ailes.

J’ai ensuite fait un peu de clavier, en dehors du conservatoire, de manière autodidacte, puis avec la découverte du Metal lorsque j’étais au collège, j’ai également commencé la guitare.

Je me suis toujours intéressé à la musique, et j’ai continué mon apprentissage du solfège et de la théorie par moi-même, rajoutant progressivement des briques de théorie.

Déplorant mon manque de pratique et de technicité au clavier, j’ai repris depuis la fin de l’année dernière l’apprentissage du piano, c’est également un bon moyen d’étudier les compositions baroques et classiques.

M. D. : Quel est le matériel que tu utilises pour composer (instruments, ordinateur, claviers, // DAW //, // VST //, …) ? Sois aussi précis que tu le veux mais je comprendrais que tu ne veuilles pas dévoiler ta recette ;-)

G. : La plupart des outils que j’utilise sont libres et open source, car j’utilise le système Linux depuis une vingtaine d’années, cela me semble important pour garder une certaine indépendance de moyens, pour ne pas reposer sur des systèmes qui visent à enfermer les utilisateurs encore plus sûrement que les plus sombres oubliettes médiévales. Je ne suis pas contre « dévoiler » des recettes, justement dans cette optique de sources ouvertes et de partage des connaissances.

Malgré tout, certains VST ne sont pas tous libres, mais on fait avec, il faut les regarder comme du consommable, du moment qu’il est possible de toujours les utiliser.

D’ailleurs il est parfois plus simple de démarrer certains VST win32 sous Linux que Windows actuellement.

J’ai évoqué plus haut le synthé virtuel Dexed (qui existe en version VST mais également dans d’autres formats, comme LV2, « VST » étant la norme définie par Steinberg), j’affectionne également ZynAddSubFX qui permet d’obtenir des sons incroyables, ainsi que : « String Machine » qui émule le Solina ARP String Ensemble.

Les deux sont parfaits pour produire des nappes propres au DS et je les ai abondamment utilisés sur le deuxième album de Garvalf, les basses terres. J’utilise parfois aussi Nils’ K1v, un émulateur du Kawai K1.

Enfin, les logiciels libres permettent de composer, modifier et façonner les outils que l’on veut. C’est ce que j’ai notamment fait avec le logiciel PureData pour créer des effets drone(17).

Pour la composition sur partitions, j’affectionne MuseScore, qui présente tout ce dont on peut avoir besoin pour les instruments classiques.

Lorsque je travaille sur clavier ou guitares, ma préférence va au séquenceur audio et midi MusE(18) qui me rappelle un peu la façon de travailler du Cubase que j’ai sur mon Atari ST. D’ailleurs le logiciel MusE est à la base de MuseScore mentionné plus haut, et malgré peu de moyens (6 développeurs principaux) et quelques limitations, il reste un outil agréable à utiliser. Il n’est malheureusement pas disponible sur d’autres plateformes que les distributions Linux habituelles. Je travaille encore parfois sur l’Atari ST, au travers d’une carte FPGA nommée MiST, et je peux ensuite remanier le fichier MIDI sur un ordinateur plus récent. C’est aussi une manière de prendre de la distance par rapport aux outils habituels, de revenir à un enregistrement plus simple, sans distraction.

Enfin, pour le mixage et le mastering, le logiciel Ardour est probablement ce qui se fait de mieux en open-source(19).

Je ne l’utilise pas pour composer en MIDI, parce que je le trouve bien en deçà des possibilités de MusE pour ce type de travail. Audacity est également un bon logiciel pour l’édition des samples.

Ceci était pour la partie logicielle, maintenant au niveau du matériel, j’y accorde d’une certaine manière un peu moins d’importance, je pense que le matériel ne devrait pas se substituer à la créativité, c’est également valable pour les logiciels d’ailleurs.

Néanmoins, j’apprécie d’enregistrer sur du matériel d’époque, il y a un côté ritualiste que je trouve important, et de plus c’est stimulant de composer avec les restrictions de certains systèmes, c’est également comme cela que j’ai travaillé sur un émulateur de chiptunes (pour Sinclair ZX Spectrum), que j’ai utilisé sur un album (Joy in Sadness), qui n’est pas a proprement parler du DS, mais qui présente quelques compositions qui pourraient néanmoins entrer dedans. L’appareil appelé Garvuino est un assemblage de diverses technologies pour Arduino et est également pilotable par MIDI pour permettre d’obtenir des sons, des bruits, des drones que j’ai enregistrés sur quelques autres projets.

J’ai récupéré sur quelques vide-greniers de vieux claviers et synthés, en particulier un Yamaha PSR-36 qui présente la particularité d’avoir une synthèse FM rudimentaire que l’on peut altérer au moyen de quelques curseurs. Là aussi cela ne sera pas un outil que j’utiliserais régulièrement, mais on obtient rapidement avec des sons bruts qui donnent une sorte de boost de l’inspiration (je l’ai utilisé pour la composition de « Still there » sur l’album les basses terres, un de mes morceaux préférés).

J’apprécie également d’avoir un équivalent logiciel aux synthés que j’utilise. Pour toutes ces raisons, mon arsenal préféré est maintenant un clavier Yamaha CS1x ainsi qu’un Roland SK88pro (version clavier du Sound Canvas SC-88) qui représentaient la pointe des technologies de ces deux constructeurs dans les années 90, finalement cela fait sens pour revenir aux sources du DS de ces mêmes années. D’ailleurs beaucoup de musiciens de l’époque utilisaient des romplers de ce type, par exemple le Roland XP-10 (cité par Munruthel dans un post facebook du 23 février 2025 où il évoque une dizaine de groupes slaves l’utilisant, comme Piorun, Wojnar ou Drudkh) qui a comme base la norme GS de Roland, comme le SC-88.

Mais maintenant les constructeurs proposent des synthés arrangeurs où tout semble illimité (y compris la connexion à leur « cloud » et bientôt l’IA?), mais je ne suis pas certain que cela soit mieux pour la créativité au final..

M. D. : Peux-tu décrire ton processus de composition (temps nécessaire, seul/à plusieurs, studio/ home-studio , …) ?

G. : J’ai plusieurs méthodes de composition, selon l’humeur du moment.

En premier lieu, il m’arrive de composer directement sur un éditeur de partitions ( MuseScore en général), en plaçant les notes sur la partition sans les jouer préalablement. J’arrive généralement à transcrire en notes écrites ce que j’ai à l’esprit.

C’est valable pour des pièces assez courtes, que je peux parfois réutiliser ailleurs ou dans un autre contexte.

Je peux également composer au clavier, en passant dans un mode de semi-improvisation et en développant les idées initiales. J’utilise à ce moment un séquenceur midi plus classique pour m’enregistrer.

Enfin, je peux aussi expérimenter le triturage de samples et sonorités, directement dans Ardour ou Audacity.

Quoi qu’il en soit, une fois que je tiens le fil de quelque chose le processus de création se déroule simplement, en mode semi-intuitif, semi-réflexif.

L’album se déroulera comme une obsession, un rêve, et je le terminerai en m’en imprégnant totalement.

Sur les premiers albums je rassemblais des compositions que j’avais accumulées au fil du temps, que je terminais ou peaufinais pour l’occasion, mais sur les 3 derniers albums j’ai modifié cette façon de faire, remettant les pièces éparses pour peut-être plus tard, et en composant tout d’une traite, de façon relativement rapide et spontanée.

Sur le dernier album, Rassemblement, j’ai travaillé sur une période d’un mois pour la première structure, composant un morceau unique dans un seul fichier, avec un tempo sans variation mais que j’ai altéré au moyen de divers artifices (changement de signatures rythmiques et redoublement ou écartement de notes).

Tout se déroule chez moi, je n’ai pas besoin d’aller dans un studio d’enregistrement, comme probablement la plupart des musiciens de DS. Je travaille seul également, mais on y reviendra dans la partie sur les collaborations.

Au final, ce qui peut caractériser principalement ma méthode de travail, c’est que je procède par tâtonnements, essais, intuition, et que mon bagage technique accumulé au cours des années, mon expérience, essayera de remettre cela en ordre pour en sortir quelque chose de satisfaisant, selon mes critères en tout cas.

Je parlais plus tôt d’une dimension martiale et épique dans le DS, qui s’oppose parfois à des morceaux plus doux voire « délicats ». Certains musiciens favorisent un côté et délaissent l’autre, ou mélangent un peu les deux styles, et c’est ce dernier équilibre que j’essaye d’obtenir à mon niveau même si je penche plus du côté « intimiste ». Je trouve aussi que lorsque tout un album est trop linéaire, cela manque de dynamique et devient vite lassant.

Par exemple ces deux titres ont des timbales et un rythme qui pourrait évoquer une armée en marche :

Quoi qu’il en soit, une fois l’album bien avancé, j’essaye de l’écouter et le réécouter sur divers supports audio pour voir si je vais m’en lasser ou pas, auquel cas il sera toujours temps de modifier ou supprimer certains passages qui me dérangent.

M. D. : Peux-tu me parler de tes influences/inspirations (musicales, visuelles, esthétiques, littéraires, historiques, artistiques, …) pour Garvalf ?

G. : Avant toute chose je considère le DS comme une tentative de se reconnecter à son subconscient, ou tout du moins à une partie de soi-même qui n’est pas atteinte par le monde moderne. Malgré cela, le monde extérieur peut et doit servir d’inspiration, surtout dans ses meilleures manifestations. La culture au sens large nous nourrit, dans tous les niveaux mentionnés dans la question, en créant justement une émulation au travers des émotions qu’elle inspire.

Mes inspirations sont parfois classiques : j’ai commencé à lire du Tolkien et du Lovecraft dès le collège, à pratiquer les jeux de rôles au lycée ou peut-être même un peu avant. Mais j’essaye également de cultiver des intérêts pour ce qui peut sortir des sentiers battus, comme la lecture de Julien Gracq, Tarjei Vesaas, Knut Hamsun, Marguerite Yourcenar, Donna Tartt, Ernst Jünger, Evola ou René Guénon. Ou encore Moorcock, Jacques Abeille...

Dans les arts visuels j’apprécie quantité d’artistes, mais je vais uniquement citer Vsevolod Borisovich Ivanov, un peintre russe incroyable qui mélange mythes et folklore.

Pour le reste des musiques, voici en vrac quelques noms :

  • Thoinot Arbeau, Susato, Dowland, Playford en musique renaissante.
  • Marin Marais, Couperin, Lully, Purcell en musique baroque.
  • Borodine, Moussorgski, Satie en musique classique.
  • Garmarna, Malicorne, Folque en musique folk.

La fantasy, les jeux vidéos, ce sont des loisirs « régressifs », qui visent à façonner un monde plus plaisant pour l’esprit.

La plupart de ces influences, qu’elles soient musicales ou littéraires, sont des moyens de s’évader du monde réel, ou du moins d’une certaine réalité du monde.

M. D. : Peux-tu me parler de ta collaboration avec d’autres artistes musicaux dans le cadre de Garvalf, par exemple avec Maelifell en 2022 (étapes, qui a proposé la collaboration, avez-vous travaillé ensemble ou à distance, …) ?

G. : Je collabore assez rarement avec d’autres artistes, parce que nos univers peuvent être assez différents, mais c’est vrai que cela peut être une bonne motivation pour terminer un projet. Malgré tout étant assez individualiste, je suis moins satisfait du résultat si je n’ai pas le contrôle sur l’ensemble de l’œuvre.

Je connais Stéphane de Maelifell depuis plus de 25 ans et nous avions déjà travaillé en 1999, après mon retour de Norvège, sur un projet de folk-ambient avec pour principale inspiration Lord Wind(20).

La composition à 4 mains est un exercice délicat, c’est aussi pour cette raison que la possibilité d’un album sous forme de « split » me convient mieux. Nous avions prévu de sortir ce split-album réunissant nos travaux de l’époque dans les années 2000, mais le hasard de la vie en avait décidé autrement et nous l’avions mis de côté (comme beaucoup d’autres projets).

Ayant recentré nos vies sur la musique à partir de 2019-2020, Stéphane a relancé cette idée de collaboration, mais nous avons travaillé de façon individuelle, nous envoyant les titres une fois ceux-ci quasi terminés. J’avais quelques ébauches qui entraient bien dans ce cadre, cela m’a motivé pour les terminer et enchaîner dans la composition de quelques autres titres pour aller avec le reste, même si l’ensemble reste assez hétérogène du fait des divers outils utilisés.

Diffusion (Edit)

M. D. : Selon toi, le dungeon synth est-il une musique adaptée au live ? Quelle importance donnes-tu à la musique live dans le cadre de Garvalf ?

G. : Je pense qu’à part la musique classique, bien peu de musiques sont adaptées au live, le rock, jazz ou folk passent encore, et même s’il m’est arrivé d’assister à des concerts de Metal, je n’y prends plus aucun plaisir maintenant. Des groupes comme Summoning ou Burzum n’ont jamais fait de concert d’ailleurs.

Évidemment chacun fait ce qu’il veut, et je peux comprendre que l’on puisse y voir encore un intérêt. Mais si plus on se rapproche du metal extrême et plus les concerts peuvent sembler incongrus, dans le cas du Dungeon Synth, à de rares exceptions, cela devient au mieux ridicule, au pire malaisant. Le son du black metal n’est absolument pas adapté aux grands espaces publics, et ce n’est guère différent pour le DS.

Je comprends bien que l’idée des concerts c’est avant tout pour se retrouver et sociabiliser, mais étant introverti de nature ce n’est pas quelque chose qui m’attire, pas sous cette forme en tout cas.

M. D. : Peux-tu parler du parcours de diffusion de Garvalf (autopublication, envoi de démos, contacts avec labels, …) ? Comment avez-vous procédé pour faire publier le split avec Maelifell chez Mystical Cloister Records, par exemple ?

G. : Pour la sortie du split avec Maelifell, c’était Stéphane qui avait le contact de Maxime de Mystical Cloister Records, donc c’est lui qui a géré cela initialement.

J’ai également sorti l’album The hollow Earth en K7 sur Moonworshipper Records, suite au contact de son responsable.

J’ai été parfois contacté par des labels mais cela n’a pas donné grand chose, là aussi je préfère être moins connu plutôt que devoir avoir des contraintes, non pas par snobisme mais surtout pour garder le contrôle sur ce que je diffuse et la manière dont je le fais.

M. D. : Peux-tu me parler de la diffusion de la musique de Garvalf en ligne (plateformes, gestion, …) et en format physique (quels formats, vente en ligne ou physique, …) ?

G. : Je diffuse surtout via la plateforme Bandcamp qui permet de présenter une musique dans un format numérique plus satisfaisant que Spotify par exemple. J’ai mis un seul album sur Spotify pour le moment, c’est un média que je préfère ne toucher qu’avec des pincettes, mais j’ai l’impression que c’est un passage un peu obligé si on veut toucher un minimum de monde.

Comme évoqué plus haut, il traîne également quelques K7 audio.

Pour le format physique sur CD j’utilisais les services de Kunaki (USA) avant qu’ils ne ferment leur plateforme à l’international, j’ai vendu des CD surtout aux États-Unis, mais également à Singapour, en Angleterre, au Danemark... L’idée des CD c’était avant tout pour moi, pour garder un souvenir de mes créations, une manifestation un peu plus concrète qu’un fichier sur ordinateur.

M. D. : Quelle est la source de revenus la plus importante avec Garvalf (concerts, musique en format numérique/physique, merchandising , …) ?

G. : Il y a vraiment peu de revenus, même dans les groupes plus connus ce sont surtout les concerts et les produits annexes qui génèrent le plus de profit, donc ce que je récupère est surtout vu comme une source de réinvestissement dans du matériel ou des moyens de diffusions ultérieurs (mastering, location de services d’artistes etc).

J’ai créé aussi des patchs en tissu, j’ai dû en vendre une dizaine seulement, mais là aussi je vois plus ces choses comme un moyen d’avoir un contenu permettant de faire gagner la musique en visibilité. Plus que les revenus et ou la popularité, c’est surtout la diffusion de la musique qui m’intéresse au final.

M. D. : Si tu souhaites ajouter quelque chose, tu peux le faire ici.

G. : Merci à toi pour ces questions pertinentes qui permettent aux artistes de réfléchir à leur art et à la place qu’ils occupent dans cette vaste thématique que sont le Black Metal et le Dungeon Synth.

J’ai l’impression dans mes réponses de n’avoir parfois pu qu’éclairer une facette furtive de ce sujet qui nous préoccupe, mais malgré tout cela représente un point de vue sincère sur un style de musique qui m’occupe depuis presque 30 ans...

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  • Cette citation provient de l’introduction de Vian, Boris, L'Écume des jours, Paris, Le Livre de Poche, 1996. (Note de Maëlle Destexhe.)

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