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== Composition et production musicale == **M. D. :** //Quelle est ta formation musicale (instruments, solfège, lecture de notes, autodidacte, …) ?// **G. :** J’ai débuté la musique par le piano, c’était assez laborieux, mais j’en garde paradoxalement un assez bon souvenir. Je suis allé ensuite au conservatoire, rien de prestigieux, c’était dans une petite ville de province, mais n’ai pas dépassé les premières années de solfège et sans faire d’instrument à côté, c’était assez frustrant. Malgré tout, là aussi j’ai une certaine nostalgie de ces années formatrices, qui m’ont donné quelques bases pour ensuite pouvoir voler de mes propres ailes. J’ai ensuite fait un peu de clavier, en dehors du conservatoire, de manière autodidacte, puis avec la découverte du Metal lorsque j’étais au collège, j’ai également commencé la guitare. Je me suis toujours intéressé à la musique, et j’ai continué mon apprentissage du solfège et de la théorie par moi-même, rajoutant progressivement des briques de théorie. Déplorant mon manque de pratique et de technicité au clavier, j’ai repris depuis la fin de l’année dernière l’apprentissage du piano, c’est également un bon moyen d’étudier les compositions baroques et classiques. **M. D. :** //Quel est le matériel que tu utilises pour composer (instruments, ordinateur, claviers, // DAW //, // VST //, …) ? Sois aussi précis que tu le veux mais je comprendrais que tu ne veuilles pas dévoiler ta recette ;-)// **G. :** La plupart des outils que j’utilise sont libres et //open source//, car j’utilise le système Linux depuis une vingtaine d’années, cela me semble important pour garder une certaine indépendance de moyens, pour ne pas reposer sur des systèmes qui visent à enfermer les utilisateurs encore plus sûrement que les plus sombres oubliettes médiévales. Je ne suis pas contre « dévoiler » des recettes, justement dans cette optique de sources ouvertes et de partage des connaissances. Malgré tout, certains //VST// ne sont pas tous libres, mais on fait avec, il faut les regarder comme du consommable, du moment qu’il est possible de toujours les utiliser. D’ailleurs il est parfois plus simple de démarrer certains //VST// win32 sous Linux que Windows actuellement. J’ai évoqué plus haut le synthé virtuel Dexed (qui existe en version //VST// mais également dans d’autres formats, comme LV2, « //VST// » étant la norme définie par Steinberg), j’affectionne également ZynAddSubFX qui permet d’obtenir des sons incroyables, ainsi que : « String Machine » qui émule le Solina ARP String Ensemble. Les deux sont parfaits pour produire des nappes propres au DS et je les ai abondamment utilisés sur le deuxième album de Garvalf, //les basses terres//. J’utilise parfois aussi Nils’ K1v, un émulateur du Kawai K1. Enfin, les logiciels libres permettent de composer, modifier et façonner les outils que l’on veut. C’est ce que j’ai notamment fait avec le logiciel //PureData// pour créer des effets drone°°17°°. Pour la composition sur partitions, j’affectionne //MuseScore//, qui présente tout ce dont on peut avoir besoin pour les instruments classiques. Lorsque je travaille sur clavier ou guitares, ma préférence va au séquenceur audio et midi //MusE//°°18°° qui me rappelle un peu la façon de travailler du Cubase que j’ai sur mon Atari ST. D’ailleurs le logiciel //MusE// est à la base de //MuseScore// mentionné plus haut, et malgré peu de moyens (6 développeurs principaux) et quelques limitations, il reste un outil agréable à utiliser. Il n’est malheureusement pas disponible sur d’autres plateformes que les distributions Linux habituelles. Je travaille encore parfois sur l’Atari ST, au travers d’une carte FPGA nommée MiST, et je peux ensuite remanier le fichier MIDI sur un ordinateur plus récent. C’est aussi une manière de prendre de la distance par rapport aux outils habituels, de revenir à un enregistrement plus simple, sans distraction. Enfin, pour le mixage et le //mastering//, le logiciel //Ardour// est probablement ce qui se fait de mieux en open-source°°19°°. Je ne l’utilise pas pour composer en MIDI, parce que je le trouve bien en deçà des possibilités de //MusE// pour ce type de travail. //Audacity// est également un bon logiciel pour l’édition des samples. Ceci était pour la partie logicielle, maintenant au niveau du matériel, j’y accorde d’une certaine manière un peu moins d’importance, je pense que le matériel ne devrait pas se substituer à la créativité, c’est également valable pour les logiciels d’ailleurs. Néanmoins, j’apprécie d’enregistrer sur du matériel d’époque, il y a un côté ritualiste que je trouve important, et de plus c’est stimulant de composer avec les restrictions de certains systèmes, c’est également comme cela que j’ai travaillé sur un émulateur de //chiptunes// (pour Sinclair ZX Spectrum), que j’ai utilisé sur un album (//Joy in Sadness//), qui n’est pas a proprement parler du DS, mais qui présente quelques compositions qui pourraient néanmoins entrer dedans. L’appareil appelé Garvuino est un assemblage de diverses technologies pour Arduino et est également pilotable par MIDI pour permettre d’obtenir des sons, des bruits, des drones que j’ai enregistrés sur quelques autres projets. J’ai récupéré sur quelques vide-greniers de vieux claviers et synthés, en particulier un Yamaha PSR-36 qui présente la particularité d’avoir une synthèse FM rudimentaire que l’on peut altérer au moyen de quelques curseurs. Là aussi cela ne sera pas un outil que j’utiliserais régulièrement, mais on obtient rapidement avec des sons bruts qui donnent une sorte de boost de l’inspiration (je l’ai utilisé pour la composition de « Still there » sur l’album //les basses terres//, un de mes morceaux préférés). J’apprécie également d’avoir un équivalent logiciel aux synthés que j’utilise. Pour toutes ces raisons, mon arsenal préféré est maintenant un clavier Yamaha CS1x ainsi qu’un Roland SK88pro (version clavier du Sound Canvas SC-88) qui représentaient la pointe des technologies de ces deux constructeurs dans les années 90, finalement cela fait sens pour revenir aux sources du DS de ces mêmes années. D’ailleurs beaucoup de musiciens de l’époque utilisaient des //romplers// de ce type, par exemple le Roland XP-10 (cité par Munruthel dans un post facebook du 23 février 2025 où il évoque une dizaine de groupes slaves l’utilisant, comme Piorun, Wojnar ou Drudkh) qui a comme base la norme GS de Roland, comme le SC-88. Mais maintenant les constructeurs proposent des synthés arrangeurs où tout semble illimité (y compris la connexion à leur « //cloud// » et bientôt l’IA?), mais je ne suis pas certain que cela soit mieux pour la créativité au final.. **M. D. :** //Peux-tu décrire ton processus de composition (temps nécessaire, seul/à plusieurs, studio/// home-studio //, …) ?// **G. :** J’ai plusieurs méthodes de composition, selon l’humeur du moment. En premier lieu, il m’arrive de composer directement sur un éditeur de partitions ( //MuseScore// en général), en plaçant les notes sur la partition sans les jouer préalablement. J’arrive généralement à transcrire en notes écrites ce que j’ai à l’esprit. C’est valable pour des pièces assez courtes, que je peux parfois réutiliser ailleurs ou dans un autre contexte. Je peux également composer au clavier, en passant dans un mode de semi-improvisation et en développant les idées initiales. J’utilise à ce moment un séquenceur midi plus classique pour m’enregistrer. Enfin, je peux aussi expérimenter le triturage de samples et sonorités, directement dans //Ardour// ou //Audacity//. Quoi qu’il en soit, une fois que je tiens le fil de quelque chose le processus de création se déroule simplement, en mode semi-intuitif, semi-réflexif. L’album se déroulera comme une obsession, un rêve, et je le terminerai en m’en imprégnant totalement. Sur les premiers albums je rassemblais des compositions que j’avais accumulées au fil du temps, que je terminais ou peaufinais pour l’occasion, mais sur les 3 derniers albums j’ai modifié cette façon de faire, remettant les pièces éparses pour peut-être plus tard, et en composant tout d’une traite, de façon relativement rapide et spontanée. Sur le dernier album, //Rassemblement//, j’ai travaillé sur une période d’un mois pour la première structure, composant un morceau unique dans un seul fichier, avec un tempo sans variation mais que j’ai altéré au moyen de divers artifices (changement de signatures rythmiques et redoublement ou écartement de notes). Tout se déroule chez moi, je n’ai pas besoin d’aller dans un studio d’enregistrement, comme probablement la plupart des musiciens de DS. Je travaille seul également, mais on y reviendra dans la partie sur les collaborations. Au final, ce qui peut caractériser principalement ma méthode de travail, c’est que je procède par tâtonnements, essais, intuition, et que mon bagage technique accumulé au cours des années, mon expérience, essayera de remettre cela en ordre pour en sortir quelque chose de satisfaisant, selon mes critères en tout cas. Je parlais plus tôt d’une dimension martiale et épique dans le DS, qui s’oppose parfois à des morceaux plus doux voire « délicats ». Certains musiciens favorisent un côté et délaissent l’autre, ou mélangent un peu les deux styles, et c’est ce dernier équilibre que j’essaye d’obtenir à mon niveau même si je penche plus du côté « intimiste ». Je trouve aussi que lorsque tout un album est trop linéaire, cela manque de dynamique et devient vite lassant. Par exemple ces deux titres ont des timbales et un rythme qui pourrait évoquer une armée en marche : - https://garvalf.bandcamp.com/track/f-stall-a-still-there - https://garvalf.bandcamp.com/track/aedir-sta-vikildar-the-warlocks-grip Tandis que celui-ci n’a aucune percussion, juste des sons assez éthérés ou aériens : - https://garvalf.bandcamp.com/track/brell-a-ub-ibel-e-underground-water Ce dernier essaye de mélanger un peu les deux : - https://garvalf.bandcamp.com/track/bailsyr-desolation Quoi qu’il en soit, une fois l’album bien avancé, j’essaye de l’écouter et le réécouter sur divers supports audio pour voir si je vais m’en lasser ou pas, auquel cas il sera toujours temps de modifier ou supprimer certains passages qui me dérangent. **M. D. :** //Peux-tu me parler de tes influences/inspirations (musicales, visuelles, esthétiques, littéraires, historiques, artistiques, …) pour Garvalf ?// **G. :** Avant toute chose je considère le DS comme une tentative de se reconnecter à son subconscient, ou tout du moins à une partie de soi-même qui n’est pas atteinte par le monde moderne. Malgré cela, le monde extérieur peut et doit servir d’inspiration, surtout dans ses meilleures manifestations. La culture au sens large nous nourrit, dans tous les niveaux mentionnés dans la question, en créant justement une émulation au travers des émotions qu’elle inspire. Mes inspirations sont parfois classiques : j’ai commencé à lire du Tolkien et du Lovecraft dès le collège, à pratiquer les jeux de rôles au lycée ou peut-être même un peu avant. Mais j’essaye également de cultiver des intérêts pour ce qui peut sortir des sentiers battus, comme la lecture de Julien Gracq, Tarjei Vesaas, Knut Hamsun, Marguerite Yourcenar, Donna Tartt, Ernst Jünger, Evola ou René Guénon. Ou encore Moorcock, Jacques Abeille... Dans les arts visuels j’apprécie quantité d’artistes, mais je vais uniquement citer Vsevolod Borisovich Ivanov, un peintre russe incroyable qui mélange mythes et folklore. Pour le reste des musiques, voici en vrac quelques noms : - Thoinot Arbeau, Susato, Dowland, Playford en musique renaissante. - Marin Marais, Couperin, Lully, Purcell en musique baroque. - Borodine, Moussorgski, Satie en musique classique. - Garmarna, Malicorne, Folque en musique folk. La fantasy, les jeux vidéos, ce sont des loisirs « régressifs », qui visent à façonner un monde plus plaisant pour l’esprit. La plupart de ces influences, qu’elles soient musicales ou littéraires, sont des moyens de s’évader du monde réel, ou du moins d’une certaine réalité du monde. **M. D. :** //Peux-tu me parler de ta collaboration avec d’autres artistes musicaux dans le cadre de Garvalf, par exemple avec Maelifell en 2022 (étapes, qui a proposé la collaboration, avez-vous travaillé ensemble ou à distance, …) ?// **G. :** Je collabore assez rarement avec d’autres artistes, parce que nos univers peuvent être assez différents, mais c’est vrai que cela peut être une bonne motivation pour terminer un projet. Malgré tout étant assez individualiste, je suis moins satisfait du résultat si je n’ai pas le contrôle sur l’ensemble de l’œuvre. Je connais Stéphane de Maelifell depuis plus de 25 ans et nous avions déjà travaillé en 1999, après mon retour de Norvège, sur un projet de folk-ambient avec pour principale inspiration Lord Wind°°20°°. La composition à 4 mains est un exercice délicat, c’est aussi pour cette raison que la possibilité d’un album sous forme de « //split// » me convient mieux. Nous avions prévu de sortir ce //split-album// réunissant nos travaux de l’époque dans les années 2000, mais le hasard de la vie en avait décidé autrement et nous l’avions mis de côté (comme beaucoup d’autres projets). Ayant recentré nos vies sur la musique à partir de 2019-2020, Stéphane a relancé cette idée de collaboration, mais nous avons travaillé de façon individuelle, nous envoyant les titres une fois ceux-ci quasi terminés. J’avais quelques ébauches qui entraient bien dans ce cadre, cela m’a motivé pour les terminer et enchaîner dans la composition de quelques autres titres pour aller avec le reste, même si l’ensemble reste assez hétérogène du fait des divers outils utilisés.
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