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== Le projet Garvalf == **M. D. :** //Comment définis-tu Garvalf ? Ton projet correspond-t-il à la définition du dungeon synth ou apportes-tu une tournure originale au genre ?// **G. :** J’ai toujours composé ce genre de musique, sous un autre nom auparavant, donc je pense que je suis ancré dans la mouvance de la première vague. Néanmoins lorsque j’ai plus tard démarré le projet « Garvalf », dans les années 2003-2004, j’ai pris le parti de travailler avant tout avec des ordinateurs et //chipsets// sonores 8-bit, et j’avais déjà écrit comme manifeste : //« Notre but n'est donc pas de faire mieux, mais de faire autrement : utiliser des formes du passé, ou qui se veulent telles, et les réinterpréter avec un outil "du futur" qui est déjà en lui-même dépassé et désuet. »//. J’ai notamment réinterprété certains de mes morceaux composés dans l’esprit DS (avant l’heure) sur le Commodore 64 (//La plus haute tour//°°4°° et °°5°° //Bransle de Champaigne//°°6°°). Comme l’ont déjà fait remarquer d’autres interprètes DS, ils tirent une partie de leur inspiration initiale des jeux vidéos de l’époque, par exemple //Ultima IV// ou //Wizardry// sur C64 (4), ou encore //Ys// sur Megadrive sont tout à fait dans l’esprit du DS. Je travaillais donc sur des //soundtrackers// pour C64 ou Sega Megadrive lorsque en parallèle je suis reparti sur de la composition plus classique, au format MIDI avec des claviers, mais j’ai gardé l’esprit de ce que m’avaient apporté les //chiptunes//, et progressivement j’en suis venu à essayer de composer pour un « système » borné, à savoir un synthétiseur ou une puce sonore unique, avec l’idée que l’essentiel de la musique et de son rendu peut finalement tenir dans quelques kilo octets de données et quelques cm² de silicium. Ainsi l’album //La tour// utilise la norme General Midi (avec une //soundfont// unique) et l’album suivant, //Rassemblement//, tient dans un fichier MIDI adapté à la norme XG développée par Yamaha. C’est un parti-pris esthétique dans le but d’avoir une consistance sonore homogène. Je n’ai jamais été fan des samples, même si j’ai pu en utiliser abondamment, par curiosité, dans des projets parallèles. **M. D. :** //Peux-tu me parler de la création de Garvalf (date, motivations, objectifs, …) ?// **G. :** Dans la seconde moitié des années 90, j’ai sorti sous un autre nom, Anamnèse, une démo de BM avec environ 1/3 de compositions aux claviers exclusivement°°8°°. Puis en 1999 un album sans guitares°°9°°. Il n’y a pas les nappes de synthés caractéristiques du DS, mais j’ai été forcément influencé par les projets mentionnés plus haut, en particulier Summoning et Wongraven. Avec le recul le son me paraît trop synthétique, même selon les critères du DS, et surtout trop « propre » car cela a été composé avec une carte son avec la technologie de l’époque, mais cela porte déjà les prémices de mon style futur. Influencé par la musique folk, la musique renaissante ou des groupes de proto-DS comme Wojnar, mais également par la musique //chiptune//, j’ai commencé le projet Garvalf vers 2004, en composant sur //soundtracker//, jusqu’à développer un style propre que j’ai retranscrit par la suite sur claviers et synthés plus classiques. Un peu plus tard, en 2014, j’ai découvert la musique //1-bit// avec l’album //Dat Fuzz// de Irrlicht Project, et finalement le premier véritable album de Garvalf sorti en 2015 a été un mélange de //chiptunes// très rêches (sur //1-bit// au lieu de //8-bit//) et avec les rythmiques rapides du metal, tout en ayant un côté nostalgique propre au DS. Deux ans plus tard j’ai rassemblé des compositions travaillées notamment sur le logiciel LMMS (un séquenceur gratuit) avec le VST Dexed (simulation de la synthèse FM du Yamaha DX7) ainsi que d’autres sons hétéroclites pour arriver fin 2017 à l’album //The hollow Earth// qui a été le premier avec une direction précise sur ce que je voulais obtenir. La motivation première c’était de m’exprimer par la musique, sur un support que je maîtrise, et de pouvoir retrouver une sorte d’espace préservé, un peu comme un point d’ancrage. C’est peut-être aussi pour cela que je reprends parfois certains titres d’un album sur l’autre, pour donner une sorte de continuité, par exemple le morceau d’introduction de //One Myth//°°10°°, initialement composé en //1-bit// avec le logiciel Beepola, s’est retrouvé transposé sur la harpe FM du Yamaha DX7 du deuxième titre de //The hollow Earth//°°11°°, ou encore le titre « The shortest day » de ce même album°°12°° a été repris en version Megadrive°°13°°. C’est parfois assez trivial puisqu’il suffit de manipuler des fichiers midi en import puis export, mais souvent il faut tout refaire dans un //tracker// musical, mais c’est une autre manière de se réapproprier la musique. Enfin, la création de sons, de musiques, c’est une façon d’agir sur le monde, et même si la portée est très limitée, c’est une manière métaphysique d’apposer son empreinte sur la réalité. **M. D. :** //Peux-tu me parler des thématiques qui traversent le projet Garvalf (concept, titres des morceaux/albums, nom de projet/pseudonyme, visuels, …) ? S’il y en a, peux-tu parler du/des message(s) que tu souhaites faire passer, de l’/des histoire(s) que tu souhaites raconter avec Garvalf ? Si tu incarnes un personnage dans le cadre de ton projet, peux-tu le décrire ?// **G. :** J’ai eu l’idée de développer à partir de //The hollow Earth// une histoire en rapport avec la musique, pour proposer une cheminement au travers d’un monde parallèle, de façon un peu plus modeste que Tolkien a pu le faire avec sa Terre du Milieu, mais qui est plus marquante et cohérente à mes yeux puisque c’est ma propre création, avec un carte, une langue construite, une histoire… Comme disait Boris Vian, « l'histoire est entièrement vraie puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre »°°14°° //À cet endroit du questionnaire, Garvalf insère la carte du monde qu’il a créé. (Note de Maëlle Destexhe.)°°15°°// Cela raconte l’épopée de Zéphyr, qui peut être vu comme mon double dans cet autre monde, et elle est décrite sur mon site https://garvalf.ortie.org sur la page de chaque album qui dévoile une nouvelle aventure. J’aimerais développer cet aspect de manière plus poussée, par exemple en rédigeant des nouvelles ou des fictions interactives autour de cet univers, mais cela n’existe que sous forme d’ébauches pour le moment. Le but est simplement de décrire une histoire, il n’y a pas forcément de message outre le fait qu’il faut suivre sa destinée pour se réaliser. **M. D. :** //Quelle importance la dimension visuelle revêt-elle, selon toi, dans le dungeon synth en général ainsi que pour Garvalf en particulier ? Peux-tu me parler des visuels (pochettes, livrets, // merchandising //, …) de Garvalf (thématiques, qui les réalise, …) ?// **G. :** Au delà de l’apparence, il y a également tout le processus artistique qui entre en jeu pour faire partie de l’œuvre. Je trouve important que le DS garde un aspect artisanal, et en général je fais tout moi-même, il serait déraisonnable pour un tel marché de niche de faire appel à une chaîne artistico-commerciale classique, avec agent artistique, //community manager//, équipe marketing, même si certains n’en sont pas loin ! Le DS peut se contenter de peu de moyens, et une pochette avec une œuvre classique datant de quelques siècles, ou un dessin amateur est tout à fait adaptée. À l’exception de l’album //La Tour//, où j’ai fait appel à une illustratrice et à un studio pour le //mastering//, je préfère avoir le contrôle sur l’ensemble de ce que je produis. C’est aussi pour cela que je n’apprécie pas l’idée d’utiliser une IA pour composer le visuel de la pochette (et pourquoi pas aussi la musique par la même occasion ?), car en dehors du fait que les « IA » procèdent à du pillage d’œuvres existantes non-libres de droit, c’est un moyen consumériste d’envisager la création. J’envisage pour la suite d’alterner le travail solo et les aides extérieures à des illustrateurs. **M. D. :** //Que penses-tu de la scène dungeon synth actuelle (critiques, points positifs, évolution, …) ?// **G. :** La scène est ce qu’elle est, parfois on a l’impression qu’il y a plus d’artistes que d’auditeurs. Il y a de ce fait un delta très important entre ce style musical et les autres au niveau du ratio entre le contenu produit et les auditeurs potentiels. Là où les fans de rock se contenteront de suivre leur groupe fétiche et quelques autres « grands » groupes, on assiste à une « surproduction » de contenu en DS si bien qu’il est difficile de suivre. Même à l’époque, on avait quelques grands noms (Mortiis, encore une fois, Summoning, Wongraven), qui sortaient peu de choses, ou de façon mesurée, et quelques projets qui gravitaient de loin dans la sphère BM, mais ça s’arrêtait là. Si on suit maintenant les nouveautés DS sur Facebook ou le groupe Proboards°°16°°, c’est une voire plusieurs sorties par jour, c’est plus compliqué pour s’impliquer dans la « scène », ou alors il ne faut faire que cela et ne plus créer soi-même. En tout cas, cette scène permet de se rapprocher de personnes ayant une sensibilité similaire, et c’est une bonne chose par cet aspect.
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